Quand mon Fils m'a Demandé ce que Signifiait son Prénom en Tifinagh

Quand mon Fils m'a Demandé ce que Signifiait son Prénom en Tifinagh

Ça s'est passé l'été dernier, pendant les vacances à Agadir. Yassine, mon fils, regardait mon collier tifinagh en fronçant les sourcils.

"C'est quoi ça maman ? On dirait des dessins bizarres."

Aïe. Mon propre fils ne reconnaissait pas l'écriture de ses ancêtres. Pire : il trouvait ça "bizarre". J'ai su à ce moment-là qu'il fallait agir.

Le soir même, j'ai appelé mon associé : "Il faut qu'on développe la collection tifinagh. Sérieusement. Nos enfants sont en train d'oublier qui ils sont."

Une écriture qui revient de loin

Le tifinagh, mes parents me l'ont appris quand j'étais petite. Pas à l'école - ça n'existait pas à l'époque - mais à la maison, le dimanche après-midi. Mon père traçait les caractères sur une ardoise : "Ça, c'est ton héritage. N'oublie jamais d'où tu viens."

Aujourd'hui, c'est officiellement reconnu. Ça s'enseigne dans certaines écoles. Mais dans les faits ? Combien de jeunes Marocains savent vraiment lire et écrire en tifinagh ? Pas beaucoup.

Nos colliers, c'est notre façon de participer au mouvement. Discrètement, élégamment, sans donner de leçons à personne.

Comment on procède pour chaque commande

Quand une cliente nous demande son prénom en tifinagh, on ne fait pas ça à la légère. D'abord, on vérifie la traduction avec Mme Bouchra, une prof de langue amazighe à l'université Hassan II. Elle nous aide depuis le début.

Ensuite, nos artisans reproduisent chaque caractère à la main. Pas d'impression 3D ou de découpe laser. De la vraie gravure, comme faisaient nos grands-pères sur les bijoux berbères d'autrefois.

Le résultat ? Chaque collier est unique, même si c'est le même prénom. Les petites différences dans la gravure, c'est ce qui fait le charme de l'artisanat.

Des clientes qui nous surprennent

La semaine dernière, une Française d'origine marocaine m'a commandé un collier avec le prénom de sa fille : "Inès" en tifinagh. Elle m'a expliqué :

"Ma fille a 16 ans, elle est née à Lyon. Elle parle à peine arabe et pas du tout tamazight. Mais je veux qu'elle porte au moins ça, comme un rappel."

Ça m'a touchée. Cette maman qui essaye de transmettre ce qu'elle peut, avec les moyens qu'elle a.

Ou encore Malika, une journaliste de 2M, qui porte son collier tifinagh tous les jours au travail : "Mes collègues me demandent toujours ce que ça veut dire. Ça lance des conversations intéressantes sur notre patrimoine."

L'or, parce que ça mérite le meilleur

Certaines clientes nous demandent pourquoi on ne propose pas ces colliers en argent ou en plaqué. Ma réponse est simple : le tifinagh a 3000 ans d'histoire. Il mérite mieux qu'un métal qui va noircir au bout de six mois.

L'or 18 carats, c'est la garantie que dans vingt ans, quand votre fille ou votre petite-fille héritera de ce bijou, il sera toujours aussi beau. C'est un investissement dans la transmission.

Ce qui a changé avec mon fils

Depuis que j'ai commencé à lui expliquer l'histoire du tifinagh, Yassine s'y intéresse davantage. Il sait maintenant écrire son prénom. Il dessine les caractères sur ses cahiers d'école.

L'autre jour, il m'a dit : "Maman, tu peux me faire un bracelet avec mon nom comme sur ton collier ?"

Mission accomplie. La transmission continue.

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